Est-on sûr de réellement tous posséder une âme ? A la naissance du monde alors que les premiers éclats du soleil disputaient la place du faisceau argenté de la lune, cette règle s’était-elle écrite quelque part ? Avait-on prononcé des mots, fait quelques gestes pour donner une preuve à cette hypothèse ? On pouvait jouer sur le fond du problème, révéler que c’était impossible, que l’âme était comme l’esprit : idée volatile dont on voulait se convaincre. Fixez ces yeux, plongez dans ces pupilles grises qui semblent prendre alors la teinte glaciale de l’hiver. Prouvez qu’elle a une âme, cette petite lumière qui indiquerait qu’elle ressent les choses, qu’elle les vit. Cherchez-y ne serais-ce qu’un préjugé sur elle-même, une critique qu’elle aurait osé imaginer sur son caractère. Vous ne trouverez rien de tout cela. Tout simplement parce qu’elle ne le pensera jamais. Elle considère l’espèce vivante comme une erreur, un point négatif, la petite poussière qu’on n’arrivera jamais à faire disparaitre d’une surface. Cependant, elle ne remettra jamais en question le fait qu’elle-même est comme les autres, ressemble aux autres, fait les mêmes erreurs que les autres. Une louve clonée. Un monde cloné. Elle hait les autres, elle hait leur bêtise, leur infériorité, leur laideur et tout ce qui les accompagne. Trouvez là hautaine, dites-lui, elle ne vous en jugera que plus détestable.

Elle épie, elle frémit, elle observe, elle tremble.

Ne croyez pas qu’elle se protège dans son monde. Seuls ses idéaux peuvent y être cachés mais le reste n’est que liberté. Sa paranoïa dépasse depuis longtemps tous ses principes. C’est bien elle qui cherche à voir le mal en chacun de peur qu’il la ronge. Ne pensez pas un instant qu’elle se croit être mauvaise, oh non, elle n’apporte aucun jugement à sa personne hautement estimée. Elle croit simplement que les personnes sadiques, vicieuses agissent comme la peste sur elle-même. Il la pourrisse, il la tâche et cela elle ne pourrait oser y penser. Elle est donc sans cesse sous tension à observer les uns et les autres. Bien dérisoire alors qu’elle se juge au dessus de la masse mais ne cherchons pas quelques logiques dans son esprit, il n’y en aura pas. Elle a si peur de la mort qu’elle ne peut même prononcer ce mot. Elle, elle, cette reine damnée aurait tant voulu se croire immortelle ! Non, voici qu’elle est contrainte à se rabaisser à la mort, aux blessures, à la souffrance comme tous les autres. Elle hait cette arène pour la possibilité qu’elle laisse entrevoir. Elle tente d’échapper à la peur mais son échine frémit, ses yeux se noircissent et elle n’arrivera plus à arrêter.

Elle chuchote, elle manipule, elle adoucit, elle jure.

Elle n’a jamais pensé qu’à sa survie. Ce simple mot rythme ces pas dans cet endroit. Elle est donc adorable au premier abord, ne fera aucune fausse note, prônant le rôle d’une pauvre louve naïve et faible. Elle ne tiendra pas longtemps. Rapidement, elle ne pourra qu’inverser le rôle pour vous faire comprendre qu’elle ne vous considère que comme un cœur qui bat et rien d’autres. Son monde n’est définit que par cela : des poussières vivent et elle ne peut les effacer. Elle manipule, elle joue avec vous et la pitié ne viendra jamais en elle puisque elle pense que c’est votre sort puisque vous vivez. Ce qu’elle souhaiterait ? Que le monde soit prostré à ces pieds. Gamine capricieuse, elle ne supporte pas qu’on lui obéisse pas, que les choses ne se passent pas comme elle l’entend. Elle veut qu’on la considère comme une personne unique, un diamant rare. Elle ne pense tout simplement pas être autre chose que cela.

Elle assure, elle esquive, elle prône, elle ment.

Vérité ? Justice ? Oubliez. Elle joue avec les mots, elle joue avec les phrases, elle joue avec ce qu’elle pense. Mythomane, elle adore raconter des histoires, inventer des fausses notes, créer des ragots et démonter les uns et les autres à force de créer des tensions. Elle s’invente des prouesses, des exploits et peut-être ne saurez-vous jamais rien de véridique. Faut-il démêler sans cesse le vrai du faux, le jeu de la réalité, la manipulation de la sincérité ? Osez y penser car son esprit fonctionne sans cesse dans ce labyrinthe tendu où les couloirs de faux-semblants et d’égalité se croisent.